Château de Saissac et église Saint-Michel
LA CLEF DE VOÛTE. Le château de Saissac est le plus méconnu des châteaux cathares. Pourtant, c'est le plus ancien et un des plus vastes. Le château de Saissac domine sur son promontoire le ravin de la Vernassone, ce qui lui procure une position stratégique importante à l'entrée de la Montagne noire. Il fut légué en 960 par l'évêque de Toulouse à Roger, comte de Carcassonne.
Au XIe siècle, le château fut inféodé à une branche cadette des comtes de Foix qui devait former dès lors le lignage des Saissac. Le personnage le plus illustre de cette famille est Bertrand de Saissac, protecteur des troubadours et des cathares, il fut le fameux tuteur de Raimond Roger Trencavel. Il est notamment connu pour son intervention dans l'élection du prieur d'Arlet : il n'hésita pas à déterrer l'ancien abbé et à le remettre sur le trône pour imposer l'élection d'un de ses amis.
Dès le début de la croisade contre les Albigeois (1209-1229), les seigneurs de Saissac se rendent à Simon de Montfort par peur de représailles de la part des armées croisées. La seigneurie passe ainsi aux mains des barons du nord : Bouchard de Marty en 1209, puis Lambert de Thurey en 1234. La seigneurie est alors divisée en deux entre les seigneurs du nord et certains membres de la lignée des Saissac qui possèdent des droits et des terres, à la condition de jurer fidélité au roi de France et de ne plus tolérer le catharisme.
Après la croisade, le château de Saissac va être reconstruit probablement avec l'aide des ingénieurs royaux. Le donjon, les tours quadrangulaires et les courtines remonterait à la fin du XIIIe - début XIVe siècle. Par la suite, l'édifice sera largement remanié au milieu du XVIe siècle par la famille de Bernuy, riches marchands pasteliers. Les vestiges de grandes fenêtres à meneaux de la Renaissance en sont de remarquables témoignages. Les guerres de religions vont encore modifier les monuments par l'adjonction de nombreuses canonnières. De cette époque, dateraient également les échauguettes, les tours circulaires et le corps de logis centrale restauré.
A l'origine, on accédait au château du côté du bourg au moyen d'un pont-levis protégé par un fossé. Aujourd'hui, le pont-levis et son fossé ont disparu, et les ruines déchiquetées du château se composent essentiellement d'une enceinte irrégulière délimitant un quadrilatère d'environ 115 m de long sur 30 de larges.
Établi en trois terrasses successives, l'ensemble des bâtiments accompagne la pente naturelle du terrain. Sur la première terrasse, se dressent les reste d'un puissant donjon polygonal sur environ 20 m de hauteur. De construction soignée, il est précédé d'une cour d'entrée. La deuxième terrasse est dominée par un vaste corps de logis à quatre niveaux dont deux souterrains. Elle est desservie par une poterne et une rampe. La troisième terrasse, vraisemblablement plus récente, est accostée de deux tours d'angles circulaires.
L'église Saint-Michel, située à proximité du château, remonte probablement à l'époque romane, mais elle a été profondément remaniée au XIVe, et surtout au XVIIe siècle, après un incendie survenu en 1568. L'église comporte une nef sur arcs doubleaux brisés avec chapelles latérales et transept formé par deux chapelles plus profondes. L'abside semi-circulaire, plus étroite que la nef, est encadrée de deux absidioles. Seuls les bras du transept et une chapelle du côté de l'Épitre sont voûtés sur croisées d'ogive gothique. Le clocher, de plan carré, est construit en moellons bruts. Il présente deux fenêtres cintrées sur chaque face et d'énormes contreforts aux angles. Cette tour participait au système défensif de Saissac auquel venait probablement se raccorder l'enceinte.