les palais de la médina de Tunis et de ses environs 1
Un important réseau de palais existe autour de la capitale, ces bâtiments somptueux construits par des rois, des princes, des ministres et des dignitaires religieux, même s'ils forment comme le Bardo par exemple, des strates d'architectures hafside, mouradite et d'influence italienne, ont connu leur période de gloire pendant l'époque husseinite. Ils témoignent d'un héritage précieux du point de vue décoratif et de l'évolution des techniques constructives.
Toutes ces pièces d'apparat habillées de marbres, de stucs, d'or et de céramiques polychromes, ces harems, ces patios aux élégantes galeries, ces jardins luxuriants évoquent également une certaine culture du raffinement et un goût des saisons. Les notables politiques et religieux prêtaient à chaque moment de villégiature son palais. Ces édifices racontent au fil des pièces des itinéraires de personnages influents, les Kheireddine, les Ben Ayed, les Khaznadar, les Bou Attour, ainsi que des intrigues politiques et une histoire contemporaine mouvementée.
S'y reflète aussi l'apport des différentes communautés qui ont afflué en Tunisie il y a des siècles, les Andalous, les Turcs, les Italiens ramenant dans leurs bagages un savoir-faire nouveau très vite mis au goût du jour.
Depuis la publication dans les années 70 des précieux travaux de Jacques Revault, très peu de recherches ont été menées pour analyser, décortiquer et mieux faire connaître l'architecture palatiale locale. Les palais en Tunisie, restaurés, habités, pillés ou abandonnés, vivent cachés.
A travers cette exposition, nous avons voulu jeter un éclairage nouveau sur quelques unes de ces fastueuses demeures. Notre objectif final visant à sensibiliser un large public par rapport à l'importance de ces bâtiments fragilisés par le temps, parfois en mal de protection, de restauration et d'une adaptation à la vie contemporaine. Tout l'art consisterait à restaurer ces magnifiques fleurons de l'architecture hafside, mouradite, husseinite et italianisante en les dotant de dispositifs indispensables à un fonctionnement contemporain. Quels fabuleux écrins, ils pourraient alors représenter pour des hôtels de charme, des restaurants gastronomiques, des fêtes nocturnes, des lieux voués à la culture, à l'histoire, à des tournages de films et à un tourisme haut de gamme, promoteur d'une image de marque de notre pays. Mais aussi à l'évocation d'une culture, d'un art de vivre et d'un raffinement presque oubliés...
Beaucoup de promoteurs privés, des intellectuels et des artistes, bravant toutes les difficultés de financement des opérations de rénovation réinvestissent des maisons et des palais anciens qu'ils restaurent avec goût. Les projets investis dans Dar el Jeld, Dar Belhouane et Dar Hamouda Bacha le démontrent bien. A la Manouba, le Palais Kobet Nhass est aussi bien restauré et géré par un privé. Les actions de réhabilitation menées par l'Etat pour faire fonctionner des palais, tels le Palais kheiredine, Dar Lasram, Dar El Haddad, Dar El Monastiri, comme centres de recherche ont fait l'objet de reconversions réussies.
Toutes ses initiatives méritent d'êtres plus connues et constituent d'excellents exemples à suivre.